Cadeau «immoral» de Swisscom
POLÉMIQUE Le géant bleu a cru se faire une bonne pub et se mettre les élus fédéraux dans la poche. Son offre passe mal. Le Parlement pourrait décider de la refuser, alors que des députés ont déjà passé commande
LUDOVIC ROCCHI
02 mars 2005
© Le Matin Online
Une drôle de scène attend ce matin le bureau du Conseil national. Il s'agira de décider si le cadeau que Swisscom veut faire aux 246 élus des Chambres fédérales est acceptable ou non. Chef du groupe socialiste, Hildegard Fässler a déjà tranché: «Il s'agit d'une offre immorale, il faut la refuser.» Elle n'est pas la seule à avoir fait de gros yeux en découvrant l'offre de Swisscom. De nombreux élus avouent avoir jeté l'offre à la poubelle. D'autres ont déjà passé commande.
De quoi s'agit-il? Le géant bleu est prêt à offrir, pour toute l'année 2005, l'usage d'une carte pour ordinateur portable, vendue jusqu'à 899 francs, et baptisée «Mobile unlimited». Egalement offertes, les communications qui permettent de se brancher sur Internet par les techniques sans fil, dans le monde entier. Pour un usage moyen, cela peut représenter un cadeau d'au moins 2000 francs. «Ce n'est pas un cadeau, conteste le porte-parole de Swisscom, Christian Neuhaus. C'est une offre de lancement de notre dernière trouvaille technologique, que les élus peuvent refuser. Le but est d'en faire des clients payants dès 2006, s'ils sont satisfaits du test.»
«Nous n'avons pas été élus pour profiter d'offres avantageuses, mais pour que tout le monde bénéficie de tarifs de téléphone le plus bas possible», dénonce Christophe Darbellay (PDC/VS). Hier, le conseiller national a d'ailleurs déposé une motion enjoignant le Conseil fédéral à prendre toutes les mesures utiles à «favoriser la concurrence et un abaissement durable des prix de la téléphonie mobile». Il juge que la libéralisation du marché ne profite pas assez aux Suisses.
Pub contre-productive
A vouloir draguer les parlementaires, Swisscom semble se faire une pub plutôt contre-productive. Plus modestement, Orange a aussi tenté sa chance en offrant des portables de nouvelle génération à «prix parlementaire» jusqu'à fin mai 2005. «Nous faisons ce genre d'offres à d'autres groupes professionnels», justifie Marie-Claude Debons, porte-parole d'Orange. Les politiciens ne sont toutefois pas des «professionnels» comme les autres, à voir la polémique qui enfle sous la Coupole fédérale.
Hier, Oskar Freysinger (UDC/VS) était un des rares élus à avouer avoir passé commande auprès de Swisscom: «C'est une banale opération de promotion. Si l'on veut parler de risque de corruption, il vaudrait mieux se pencher sur les juteux mandats d'administrateurs de certains élus...»
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